L’essentiel des informations sur lesquelles s’appuie le
modèle cosmologique standard (du Big-bang) provient des observations du ciel
primordial (le fond diffus cosmologique) prédit par Gamov en 1948, détecté par
Penzias et Wilson en 1965, observé par les satellites COBE (1989), WMAP (1995)
et PLANCK (2009 à 2012).
1. Le rayonnement
fossile : le fond diffus cosmologique.
L’expansion a dilué aussi bien l’énergie de la
radiation que la matière. Celle de la
radiation diminue plus vite par le décalage qu’elle subit vers le rouge. En
regardant à l’envers, vers l’origine, l’énergie de radiation à l’inverse
augmente plus vite. Au départ la radiation devait être le principal constituant
de l’univers. Pendant les premiers milliers d’années, l’univers était petit,
dense, chaud et dominé par la radiation.
Cette radiation a mis 13
milliards d’années à nous parvenir. Tant que l’univers ne s’est pas
suffisamment refroidi, les photons sont incapables de circuler librement au
milieu du magma (rappelons qu’ils mettent plusieurs centaines de milliers
d’années pour sortir du soleil !). Il a fallu attendre 380 000 ans pour
qu’ils soient libérés. L’univers devient alors visible puisque lumineux et
cette lumière, donc, met 13 milliards d’années à nous parvenir. Avant, il est opaque.
A 380 000 ans, les premiers atomes (d’hydrogène) apparaissent, les électrons se
liant aux protons. Le refroidissement a fait perdre aux photons suffisamment
d’énergie pour qu’ils ne puissent plus systématiquement changer les niveaux
d’énergie des électrons (voir plus haut), ils traversent donc le vide des
atomes et rayonnent dans ce vide. Par la suite, la température de l’univers
continue à diminuer (du fait de l’expansion) et, du coup, les photons perdent
encore de leur énergie. Cette température est aujourd’hui en moyenne de 2,72°k (-270,43 °C).
A la suite de la grande
inflation, l’univers est homogène, isotrope et plat (ce sont les
trois paramètres cosmologiques). Ou plutôt, à peu près homogène
et isotrope. Mais vraiment à très peu près puisque la carte du fond
diffus donne des écarts thermiques qui ne diffèrent entre eux que de 1 1000ème
de degré k (écart entre le point le plus chaud et le plus froid). Mais ces très
petites différences sont à l’origine de la structuration de l’univers.
(De plus en plus précis : COBE, WMAP, PLANCK)
Ce que montrent ces cartes du
ciel, ce sont donc d’infimes écarts de température. Les endroits les plus
froids (bleu) sont ceux où il y a la plus forte densité de matière. Ils
vont évoluer vers la formation de galaxies et d’amas de galaxies. Les plus
chauds (rouges) moins denses vont tendre à se vider au profit des plus froids.
En outre, le satellite Planck a
observé l’existence d'une polarisation du fond diffus, montrant ainsi
les vibrations de l’univers primordial. L’image ci-dessous est dynamique
et montre les directions privilégiées de ces vibrations. C’est le dernier
résultat des rencontres de la lumière avec les électrons. On obtient ainsi des
informations sur la distribution de la matière dans le plus jeune univers.
(Dans les images ci-dessous, les différences de couleurs sont des
différences de température, les différences de texture les directions de
la lumière polarisée).
Soyons précis. On admet que le champ de polarisation
comporte deux composantes appelées mode E et mode B. Le mode E
correspond à un champ de vecteurs radial et le mode B comme un champ de
vecteurs « tourbillonnant ». (Voir ci-dessous)
La présence de modes B serait due à l’effet d’ondes
gravitationnelles produites au moment de la grande inflation et que BICEP2, en
2014, pensait avoir détecté.
La pertinence du modèle du big-bang, déjà éprouvée
par la vérification des prédictions relatives à l’existence d’un rayonnement
fossile et à l’homogénéité de celui-ci, est confirmée par les correspondances
avec les données recueillies par Planck en 2012 : relativement au spectre
de puissance en température (TT), en polarisation scalaire (EE) et au
croisement des deux (TE). Sur les graphiques ci-dessous, en ligne continue : les prédictions du modèle, en points : les données observées. On obtient dès
lors les 6 paramètres cosmologiques avec des degrés d’erreur très faibles et
l’âge de notre univers 13 799 +ou – 0,038 années (soit une incertitude de 0,3%
).
2. Déduction de la répartition des masses
a. Le fond diffus est visible à 13 milliards
d’années. Concevons-le comme la paroi la plus éloignée d’une boite
rectangulaire. Le ciel que nous observons aujourd’hui est la paroi la plus
proche. Toute la distance qui sépare ces deux parois est (en épaisseur, donc)
l’histoire de l’univers. Un photon partant du fond se dirige en ligne droite
vers la paroi la plus proche. Pourtant, sa trajectoire est courbe. Elle est
courbe parce que l’espace-temps sur lequel elle se « promène » est
courbé par les masses (galaxies, etc) que le photon rencontre et dans l’espace
et au cours du temps.
On peut ainsi « visualiser », à travers cette
déformation de trajectoire l’évolution des masses issues de la configuration
originelle du fond diffus. Connaissant la carte du rayonnement fossile,
constatant ce qui nous parvient, on est en mesure de repérer les masses qui ont
perturbé le chemin parcouru par la lumière (en fait, comme il faut 3 milliards
d’années, à partir du rayonnement du fond pour que les masses se constituent,
se structurent, on voit apparaître cette déformation de trajectoire du rayon
seulement à partir de cette période).
b.
On vérifie ensuite au moyen du fond diffus infrarouge qui est la
somme des poussières des galaxies qui s’interposent entre nous (notre époque)
et le fond diffus (380 000 ans après le Big-bang) qui nous renseigne à son tour
sur les masses. Plus elles sont éloignées, plus leur spectre tend vers le rouge
(ce qu’on nomme le redshift).
Remarque : Le redshift est un décalage comparable à l'effet Doppler pour
l'onde sonore qu’on remarque au passage d’une ambulance ou d’une voiture de
pompiers). Lorsqu'une source lumineuse s'éloigne, les longueurs d'onde
augmentent (tirent vers le rouge). Si elle s'approche, les longueurs d'onde
diminuent (tirent vers le bleu : bleushift).
c.
Enfin, par effet de lentille gravitationnelle, on observe que la lumière
se distribue de façon différente selon qu’il y a concentration de masse
(galaxies, amas) ou dispersion. La lumière du rayonnement fossile est focalisée
dans le premier cas, dispersée dans le second. Quant au vide, il n’a
aucun effet et n’affecte pas la géodésique (le trajet) du rayon lumineux.
Remarque 1. On parle de lentille
gravitationnelle lorsqu’on veut observer et calculer une masse invisible
(cachée ou de matière noire, voir plus loin) dans l’univers qui nous entoure.
On pointe le télescope en direction de la masse en ayant soin que celle-ci
s’intercale entre l’observateur et une étoile placée plus loin. La courbure des
rayons qui émanent de l’étoile, à proximité de la masse à mesurer, indique
l’effet de la gravité sur le rayon lumineux et permet la mesure de la masse
causant cet effet.
Remarque 2. Comment un photon dont la masse est nulle peut-il être
soumis à la gravitation ? Encore une fois, la gravitation n’est pas une
histoire de force, mais (voir plus loin la Relativité générale) de courbure de
l’espace. Celui-ci est creusé par la proximité d’un corps massif de sorte que
le rayon lumineux (qui va toujours en ligne droite) est courbé en suivant la
déformation de l’espace.
d. L’effet de lentille portant sur le fond diffus cosmologique permet de repérer la masse totale (masse baryonique, celle de la matière que nous connaissons + masse noire, voir plus loin). Le fond diffus infrarouge localise la masse baryonique. On est alors en mesure de déterminer les proportions de ces diverses masses.
Divers problèmes subsistent pourtant. En particulier les
trois suivants :
- Si on calcule la masse de l’univers, elle est très supérieure à la masse de l’univers visible (baryonique). Il doit y avoir une masse cachée : celle de la matière noire.
- Si on observe le mouvement des étoiles au bord des galaxies, ou des galaxies autour du centre de leur amas, la force centrifuge devrait les arracher à moins qu’une masse non décelée (environ 10 fois plus importante que la masse mesurée) soit présente pour garantir la cohésion gravitationnelle de l’ensemble : celle de la matière noire..
- Enfin, alors qu’au niveau cosmologique seule l’attraction gravitationnelle entre en jeu, comment comprendre que l’univers ne s’effondre pas sur lui-même du fait de cette attraction mais qu’au contraire il se dilate et même que son expansion est accélérée ? Ce serait l'effet de l'énergie noire.
Deux hypothèses répondent donc à ces difficultés : celle de l’existence
d’une matière noire et celle de l’existence d’une énergie noire.
____________________________________________
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire