1. Compléter la physique élémentaire
L’objectif
est moins celui de l’unification de la mécanique quantique qui étudie les trois
interactions forte, faible et électromagnétique, et de la relativité générale
qui rend compte de la gravitation, que de compléter la description quantique
des quatre interactions en décrivant l’aspect quantique de la
gravitation.
Or,
l’application des équations du modèle standard aux phénomènes gravitationnels
conduit celles-ci à l’infini. Les intégrales divergent.
A
plus longue échéance, le projet est tout de même assez semblable à celui de la théorie
des cordes, mais alors que la théorie des cordes essaie d’unifier les quatre
interactions du point de vue des particules, la théorie quantique à
boucles tente cette unification du point de vue de l’espace.
2. Quantifier l’espace-temps lui-même.
Les propriétés quantiques du champ gravitationnel sont les
propriétés quantiques de l’espace-temps lui-même. Les fluctuations de
l’espace-temps doivent augmenter à mesure que l’échelle diminue (qu’on se
rapproche des conditions de l’univers primordial). Le continuum spatio-temporel
cesse d’être continu à l’échelle de Planck (10-33 cm),
l’espace-temps devient discret, admet une structure granulaire
(quantique). Il doit y avoir des quanta d’espace-temps, des superpositions
de géométries différentes. De même que la quantification des états d’un atome
prescrit un niveau minimum d’énergie pour un électron (n = 1) qui empêche
celui-ci de s’effondrer sur le noyau, de même il se pourrait qu’il existe un
volume minimum d’espace qui empêche que l’espace s’effondre en singularité
(dans le trou noir ou le big-bang).
On sait qu’en mécanique quantique, un point dans l’espace des
phases (un espace qui permet l’interprétation géométrique du mouvement
d’un système mécanique) représente non une position mais (principe de
superposition) un ensemble de positions-impulsions possibles pour des particules
en mouvement sous l’action de forces. De la même manière, un point dans
l’espace des phases du champ de gravitation représente un état possible de
la géométrie de l’espace-temps courbé par la présence de la matière, de
l’énergie ou du rayonnement.
Ce dont il s’agit, ici, c’est de la configuration de
l’espace-temps.
Disons-le autrement, au fur et à mesure que le nombre quantique
définissant les orbites des électrons autour du noyau augmente, les différences
de niveau énergétique d’une orbite à l’autre décroissent, la distance des
orbites diminue et le spectre discret tend vers le continu.
Sur ce modèle, l’espace-temps,
qui est continu à l’échelle ordinaire et cosmologique, pourrait être discontinu
aux échelles quantiques. Granulaire.
Il y aurait donc une taille
minimum des quanta d’espace (de surface, de volume), ce qui lève la
difficulté des infinis pour les équations.
a. Soit un volume en cube,
par exemple. Selon la physique classique, ce volume peut prendre une infinité
de valeurs. Toutefois, si l’espace est quantifié, il ne peut prendre que des
valeurs précises (comme les niveaux d’énergie dans l’atome) et a une valeur
minimale non nulle : celle d’un cube ayant pour côté la longueur de Planck
soit : 10-105 m3. Idem pour les
surfaces : celle d’une sphère a une valeur minimum (10-70 m²)
et ne peut prendre, au-delà, que des valeurs discrètes. Ni volume ni surface
nuls, ni volume ni surface infinis. La plus petite aire possible est le carré
de la longueur de Planck, le plus petit volume, le cube de cette longueur.
Il faut faire appel à des diagrammes
pour formaliser cet espace.
Exemple : prenons un cube. Dans le diagramme, ce sera 1
point d’où partent 6 lignes (représentant les surfaces).On pose une pyramide sur le cube.
Une deuxième :
etc.
Chaque état quantique est
caractérisé par un graphe. Attention ! Il ne faut pas voir ces points et
ces lignes comme localisés dans l’espace. Ils sont l’espace
lui-même et la façon dont ils sont connectés définit la géométrie de cet
espace.
Ces graphes sont nommés réseaux de spin (encore qu’ici il n’y a
rien qui concerne le spin puisqu’il est question de l’espace-temps et non de
particules). Ce ne sont pas davantage des diagrammes de Feynman, encore qu’ils
puissent y ressembler. Ces derniers décrivent les interactions entre des
particules dont il n’est pas ici question. Ces réseaux décrivent la
géométrie de l’espace
b. Mais cet espace est
géométriquement déterminé par la matière et l’énergie qu’il contient
(gravitation). Il faut donc aussi représenter les particules et les champs. Les premières sont représentées par
certains types de nœuds auxquels ont accole une étiquette nommant leurs
propriétés et leurs attributs.. Les champs, par des étiquettes accrochées aux
lignes. Le mouvement des particules et des champs est représenté par le
déplacement par sauts des étiquettes. Les ondes gravitationnelles sont
représentées, à leur tour, par des déformations des graphes.
Le but est de calculer les probabilités quantiques de chaque saut
permis sur le réseau de spins.
L’espace-temps devient alors une mousse de spin
dont chaque réseau de spin est une tranche. Attention ! La découpe de
cette tranche dans la mousse n’est pas arbitraire. La mousse représente la
succession des tranches dont chacune a une durée définie (le temps de
Planck : 10-43 s). On saute d’un réseau au suivant, on
ne passe pas de l’un à l’autre de façon continue. Plus précisément, un quantum de temps s’écoule en chaque
point de la mousse où un saut quantique est effectué.
3. Validité de la théorie.
Déjà, par rapport à la théorie
des cordes : elle n’a pas besoin de plus des 4 dimensions ordinaires (3
d’espace + 1 de temps) et elle n’a pas besoin de la supersymétrie pour être
cohérente.
Toutefois, l’échelle à laquelle
travaille cette théorie, rend impossible sa vérification directe. Il faut
d’autres arguments.
L’un d’eux est sa cohérence avec
la théorie de la relativité générale. On doit, dans les équations, retrouver
l’espace-temps de la relativité générale comme une approximation de la
théorie quantique de cet espace. C’est encore à démontrer.
Un autre serait son efficacité. Elle semble se manifester au niveau de
la thermodynamique des trous noirs (voir Chapitre 14)
4. Du big-bang au big-bounce
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